Solutions renouvelables
19.12.2023

Secteur de la construction : un potentiel inexploité de réduction des émissions de GES

Le secteur de l’environnement bâti est considéré comme le plus grand contributeur aux émissions mondiales de carbone. Nous nous intéressons ici aux moyens de réduire les émissions dans le secteur du bâtiment et de la construction, depuis la planification et la construction des bâtiments jusqu'à leur démolition et leur recyclage, en passant par leur exploitation et leur rénovation.

Alors que le monde s'efforce d'enrayer le changement climatique et de réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES), il est devenu impératif d’adopter des sources d'énergie renouvelables et d'autres solutions à faibles émissions, en particulier dans les secteurs difficiles à stabiliser, comme le secteur du bâtiment et de la construction, qui représente 37 % des émissions mondiales de carbone liées à l'énergie. Toutefois, il y a une bonne nouvelle : le secteur offre un énorme potentiel inexploité de réduction des émissions de gaz à effet de serre.

« Nous devons considérer la construction dans son ensemble lorsque nous parlons de la performance environnementale des chantiers, et cela commence dès le processus de planification », explique Thomas Budde Christensen, professeur associé à l'université de Roskilde au Danemark, qui travaille à l'intersection de l'énergie, des ressources et des déchets.

« Le mode de fonctionnement du secteur en Europe laisse une grande place à l'amélioration. Pour parvenir à une plus grande durabilité sur les chantiers de construction, nous devons réfléchir à la manière de réduire les émissions de CO2, mais aussi à la manière de réutiliser et de recycler les matériaux existants. Par exemple, nous pouvons réutiliser des structures et des matériaux de construction ou concasser du béton et l'utiliser comme matériau de remplissage pour de nouvelles structures en béton.»

Réduire les émissions des engins de chantier

En plus d'explorer les moyens de réutiliser les matériaux et de réduire les déchets de construction, tout en développant des solutions de rechange moins polluantes aux matériaux de construction actuellement utilisés, le secteur doit prendre en compte les émissions provenant des engins de construction à moteur diesel, tels que les bulldozers ou les grues, qui sont utilisés. 

L'électrification reste encore largement un mot à la mode en ce qui concerne les engins lourds. Avec l'amélioration des technologies de batterie et de chargement, les engins électriques peuvent devenir une bonne option. Mais, il existe déjà une autre solution pour réduire de manière significative l'empreinte carbone sur les chantiers de construction de bâtiments et d'infrastructures : le diesel renouvelable qui peut simplement remplacer le diesel conventionnel dans les engins existants.

Des produits tels que le carburant  Neste MY Renewable Diesel™ peuvent réduire les émissions de gaz à effet de serre de 75 à 95 %* sur le cycle de vie du carburant par rapport au diesel fossile. Le diesel renouvelable peut également contribuer à améliorer la qualité de l'air autour des chantiers de construction, en raison de sa combustion plus propre que le diesel conventionnel.

Surmonter les difficultés liées à l'introduction de solutions renouvelables

La mise en œuvre de solutions renouvelables, telles que le diesel renouvelable, sur les grands chantiers de construction représente toutefois un défi et nécessite de modifier le mode opérationnel habituel sur les chantiers. 

« Le diesel renouvelable est une solution toute faite, très facile à adopter, mais les difficultés rencontrées sont liées à la vérification de son utilisation », explique Kirsi Liira, Responsable des solutions durables et des partenariats chez Neste, ajoutant que c'est sur ce point-là qu'un nouveau type de réflexion ainsi que de meilleures données sont nécessaires. « Par exemple, nous avons un projet pilote en cours à Helsinki (Finlande) dans le cadre duquel nous suivons l'utilisation de diesel renouvelable à l'aide d'étiquettes RFID et recueillons des données fiables pour calculer la consommation de carburant et les émissions générées. »

La plupart des approches de la construction durable sont encore coûteuses : Le diesel renouvelable est plus coûteux à produire, les matériaux durables comme le bois sont souvent rares et donc plus coûteux, et le développement d'engins électriques lourds, ainsi que la technologie et l'infrastructure de recharge qui l'accompagnent, nécessitent davantage de financement. 

En outre, l’expression d’une volonté politique est essentielle. La compensation des coûts par les gouvernements peut contribuer à améliorer la durabilité sur les chantiers de construction, par exemple en incitant les gestionnaires de flotte à acheter du diesel renouvelable à un prix inférieur à celui du diesel conventionnel. La réduction globale de la consommation de carburant est une autre approche importante. 

Le projet City Loops de l'UE montre comment l'économie circulaire peut fonctionner dans la construction et la démolition. Thomas Budde Christensen explique : « La première chose qui se produit sur un chantier de construction, c'est que l'on creuse un grand trou. La terre passe souvent inaperçue, mais elle constitue un élément important de la durabilité dans la construction. Actuellement, nous transportons la terre à distance du chantier pour la ramener ensuite, ce qui implique de nombreux transports inutiles. Avec nos projets de démonstration, nous montrons comment améliorer cette étape. » 

Le projet City Loops a également mis au point un outil de calcul du carbone dans la construction. « Je pense que la législation sur la démolition sélective est un bon point de départ », ajoute M. Christensen. « Mais nous devons également mieux organiser le travail sur les chantiers de construction en termes d'accords contractuels, de décisions économiques et de planification, et de formation aux pratiques durables à dispenser aux personnes travaillant dans le secteur de la construction. »

Sur le chemin de la consommation neutre en carbone, un partenariat entre les secteurs doit être établi

La construction durable fait partie intégrante de notre progression vers un futur neutre en carbone. Pour faire évoluer le marché, il faut une indication claire de la part de l'acheteur et d'éventuelles primes ou sanctions qui incitent à réduire les émissions. « En Suède, il existe de bons exemples de ce type de projets. Je suis ravie que nous collaborions avec nos partenaires pour créer de meilleures pratiques, car je pense que les partenariats durables sont au cœur de notre action : aider nos clients à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre », déclare Kirsi Liira. Elle est convaincue qu’une coopération entre les parties prenantes impliquées dans les chantiers zéro émissions est essentielle, à commencer par la sensibilisation. Des partenariats stratégiques et des projets pilotes tels que City Loops sont nécessaires pour soutenir cet aspect de la transition vers les alternatives renouvelables et l'économie circulaire.

Stéphane Quefelec, qui travaille dans les groupes dédiés au changement climatique et à l’énergie de l'Agence européenne pour l'environnement (AEE), explique sa vision des futurs chantiers de construction : « Pour atteindre l'objectif de neutralité climatique de l'UE, il est essentiel de réduire les émissions CO2 des bâtiments. À l'AEE, nous abordons les bâtiments comme un système, en tenant compte de leurs différentes étapes de vie.»

La performance énergétique est une contribution importante à la réduction des émissions. Nous avons besoin d'une quantité massive de rénovations énergétiques pour rendre les bâtiments existants plus efficaces sur le plan énergétique, et la manière dont nous menons ces actions est également importante, qu'il s'agisse du choix des produits de construction ou des pratiques d'économie circulaire. Il faut espérer que dans 30 ans, le secteur de la construction sera transformé, qu'il travaillera avec des produits à faible teneur en carbone et à haut rendement énergétique, que les bâtiments produiront de l'électricité renouvelable grâce à des panneaux solaires sur les toits et qu'il contribuera au système énergétique à faible teneur en carbone. »

Il est important de noter qu'avec le diesel renouvelable, il existe déjà une solution pour réduire les émissions générées par l'utilisation de carburant dans les équipements lourds. « Je conseillerais aux entreprises de demander des documents attestant que le diesel renouvelable choisi réduit réellement les émissions de CO2 », suggère Thomas Budde Christensen. Si tel est le cas, il est convaincu que le diesel renouvelable peut être une option parmi d'autres pour rendre les chantiers de construction plus durables. « Il est temps d'agir et de prendre les premières mesures pour exploiter le plein potentiel des énergies renouvelables dans le secteur de la construction : Le diesel renouvelable représente déjà l'une des réponses », souligne Kirsi Liira. 

 

*) Le pourcentage de réduction des émissions de GES varie selon la législation spécifique à la région qui fournit la méthode de calcul (p. ex. : EU RED II 2018/2001/EU pour l’Europe et US California LCFS pour les États-Unis), et le mélange de matières premières utilisé pour fabriquer le produit pour chaque marché. 

 

Crédits :
Laura Puttkamer, journaliste urbaine indépendante, s'intéresse aux solutions innovantes qui rendent nos villes plus durables et plus respectueuses du climat. Originaire d'Allemagne, elle est basée à Londres et écrit pour des magazines d'architecture et d'urbanisme.